Conforts ultimes est au coeur d'un projet de recueil de nouvelles qui court depuis l'an dernier. Son échéance approche! Mais conforts ultimes a pris de l'avance sur ses petites soeurs, puisqu'elle a déjà été publiée dans un recueil collectif disponible dans le commerce. Vous pouvez cependant en lire un extrait en appuyant sur "Lire la suite".
Pour ceux et celles qui l'ont déjà lu... petit commentaire bienvenu! Merci!
L'histoire: Marc vit dans une société sur-prévenante et confortable. Le récit se concentre sur le dix-huit mille neuf cent quatre-vingt dix-neuvième jour de sa vie. C'est un texte dense, au style extrêmement tenu et lissé, oppressant. Avec beaucoup de vert. Il pose la question de la liberté face au confort.
[Extrait]
Une sirène émit un son grave. Un genre de barrissement maîtrisé et continu sous le plafond bas de la salle de travail. Marc sut qu’il avait encore cinq minutes pour finir son ouvrage. Un bruissement indiqua l’ajustement de chacun au temps restant. Comme d’habitude, tout allait bien. Le travail était parfaitement calibré pour tenir dans une journée de vingt-quatre heures.
« Une journée comme les précédentes. Beaucoup d’énergie. Je me sens exsangue et confortable. On a eu besoin de moi toutes les cinq minutes. Je suis utile. Efficace. Injonctions précises, saines, rassurantes, individuelles. »
A l’heure dite, il éteignit sa lampe de bureau, placide et rassasié.
« J’ai fait tout ce qu’on m’a demandé. »
Tous ses collègues se levèrent en même temps que lui, d’un même ressort ; ils dirent tous « bonsoir » dans le vide et tournèrent le dos à leur ordinateur.
Marc sortit le premier dans le couloir. La lumière s’alluma sur son passage. Chaque soir, il prenait un couloir différent de la veille. Différent, mais identique ; car il y avait toujours ce revêtement de lino à carreaux anthracite qui s’offraient, inertes, à la lumière des spots blancs. Ceux-ci balisaient toute la longueur du couloir pour indiquer le chemin.
Après deux minutes et trente secondes d’une marche régulière, Marc arriva dans une salle baignée d’un vert olive, lumineux et mordant. Une cinquantaine d’assiettes étaient disposées sur autant de tables. Autour de chacune, un abat-jour créait un halo d’intimité frontière.
La température ambiante était bien choisie : ni trop chaude, ni trop froide. La preuve, personne ne se plaignait jamais. Ni de la température, ni de rien du tout. C’était là, d’une manière générale, la grande réussite du gouvernement.
Où trouver le recueil ?
Voilà une jolie question, dont j'approuve l'audace et la pertinence, et à laquelle je vais tâcher de fournir une réponse à la hauteur.
Pour vous proccurer ce magnifique recueil illustré publié par les éditions de la Passe du Vent à Villeurbanne, et qui possède une excellente préface de Jean-Noel Blanc, rien de plus simple en théorie, mais il semble que ce soit un tout petit peu plus compliqué en pratique.
Vous pouvez vous le procurer auprès du libraire habitué à votre frimousse, mais précisez lui qu'il lui faudra peut-être passer un petit coup de fil à "La Passe du Vent" pour activer les choses. Voici la fiche de l'ouvrage sur le site de l'éditeur.
Ne vous laissez pas dire que l'ouvrage est en rupture de stock ce n'est absolument pas le cas. En cas d'impasse, n'hésitez pas à envoyer un mail à l'éditeur, non mais.
Dans tous les cas, ce petit bouquin vaut 10 euros tout rond.
Commentaires
J'aurais pu dresser une liste à la Prévert d'analogies de styles et de thématiques
J'aurais pu classiquement comparer avec des textes, des films, des musiques
J'aurais pu aussi ne pas faire de commentaire
et que dit mon oeil après lecture intégrale?
..."Conforts ultimes"...
…Et inconforts balbutiants du lecteur qui ne sait à quoi s’attendre - ou plutôt que trop !- et se surprend à devenir complice (ou voyeur? …même bassesse) de ce monde vert aseptisé
« conforts ultimes » ou faux huis-clos qui pose la question de l’être et du non-être