Un homme politique, au réveil. Son lever, sa mise en condition pour la journée à venir, l'amorce de ses choix, l'écho de ses tracas éternels.
Cette nouvelle est publiée en accès libre dans le cahier d'artistes du n°4 de la revue Textimage, sur le thème de l'image dans le récit, aux côtés d'une nouvelle inédite de Didier Daeninckx !
Six heures. Le réveil claironne une Traviata parfaite.
À l'instant du réveil il ressemble à tous les hommes. Sauf qu'il a une méthode. Il focalise son esprit sur quelque chose ; et il la dépouille, intellectuellement, jusqu’à l’os ; il en bouffe la chair, la moelle, les nerfs... Frénétiquement. Comme... un sacrifice.
Tout y passe : le Premier ministre, les projets de réforme, les repas au restaurant, les serveurs, mai 68, la crise, n'importe laquelle. Ajuster le prisme de l’esprit.
Choix du jour : les rois fainéants. Pourquoi pas ? Choix curieux, risque d'anesthésie pour la journée. Il essaye de se mettre dans leur peau mais... Dieu que c'est difficile ! Il est élu de la République, regorge d'une énergie presque surhumaine, toujours aux avant-postes, aux commandes, aux micros, aux enterrements, aux raouts, aux dîners mondains, aux interviews, aux fronts de l’époque… non... à côté de leur peau molle et adipeuse, pleine de veines vertes, sale... quelle idée grotesque! Il insiste cependant ; glisse ses pieds sous la couette, baille, détend ses membres, tâte le moelleux du matelas comme un petit chat de mémère, cligne d’un œil, guette la teinte de lumière qui traverse les rideaux de velours…
Commentaires
version masculine de mon beau miroir... tout aussi atemporelle, et ... sans pomme! Qui l'eut cru?!
La flaque vaut bien la pomme !!!