Retour à la maison est une nouvelle à la paix et à la gloire des ménages. Le retour d'une homme chez lui le soir, tout épris de ses habitudes.
Retour à la maison a été publié par Borborygmes dans son numéro 22.
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Devant la porte. Il cogne et enfonce la clé. Pose sa mallette à droite. Elle arrive là, il a plu tout le jour mon chéri viens que je t’embrasse, le prend par le cou, s’arrête quelques instants pour contempler ses cheveux blonds. Il tique, bien sûr. Ce n’est pas elle, et en plus ce n’est pas qu’une question de cheveux blonds. Ce n’est pas elle et pourtant c’est comme si c’était elle. Elle répète les mêmes gestes que sa femme, exactement les mêmes qui se suivent au millimètre, tu es fatigué je te sers un verre, c’est raviolis ou steak haricots verts, raviolis parfait mon chéri ; mais ce n’est pas elle. Il ne lui fait pas remarquer.
Ce n’est pas elle. Plutôt plus jeune, très belle poitrine présentée en décolleté alors que d’habitude c’est une marée haute permanente de cols roulés ; des jambes un peu plus lourdes peut-être, un accent vaguement nordique, intonations germaniques dirait-on, un peu molles. Sa femme est mi-italienne mi-espagnole, il y a comme un écart qui ne relève pas simplement d’un travail de coiffeur et d’esthéticienne.
Troublé, sans un mot, il s’installe dans son fauteuil, le skaï est un peu frais sous ses fesses. Devant il y a la table ronde en bois avec un napperon taché de quelques gouttes échappées des jours précédents. Elle pose un verre de whisky rempli à mi-hauteur, voilà mon chéri, oui c’est un « r » germanique, et elle repart mettre les raviolis à chauffer.
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