Retour à la maison est une nouvelle à la paix et à la gloire des ménages. Le retour d'une homme chez lui le soir, tout épris de ses habitudes.
Retour à la maison a été publié par Borborygmes dans son numéro 22.
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Retour à la maison est une nouvelle à la paix et à la gloire des ménages. Le retour d'une homme chez lui le soir, tout épris de ses habitudes.
Retour à la maison a été publié par Borborygmes dans son numéro 22.
Un extrait de la nouvelle est ici.
Avec dedans plein de nouvelles, dont une de mon oeil (Retour à la maison).
Et semble t-il une petit séance de dédicace sur le stand de la revue au salon du livre de Paris; précision: ce sera donc le dimanche 24 mars 2013 à 17h (en ce qui me concerne, mais vous pouvez choisir une autre heure !) sur le stand de la revue, avec la Région Ile-de-France si j'ai bien compris)...
> Sommaire de Borborygmes n°22
- C'est la crise, amour.
- Et bien... ça va être le grand retour du gratuit!
- Tu veux dire qu'on va se laver les cheveux et manger à coups d'échantillons, lire que des journaux gratuits financés par la pub?
- Non. Le gratuit. L'air, l'amour, la poésie...
- La patrie? Les élections?
- Tu le fais exprès?
- C'est gratuit, non?
- J'en ai marre des lasagnes surgelés! J'en ai marre marre marre!
- Votre Sainteté, nous ferons le nécessaire.
- De la sauce, encore de la sauce ? Non, non, j'en ai ma claque, je démissionne, voilà!
- Mais Votre Sainteté, où pouvez-vous bien aller ainsi?
- Ah! Le manque d'opportunités de reclassement, c'est ça vos menaces? Je ne sais pas, tiens, au pays des vaches sacrées, hop! J'ai toujours aimé voyager. Tout pour ne plus vous voir. Tout, tout, tout!
- Mais Votre Sainteté...
- Adieu lasagnes! Adieu barquettes!
- Un ange m'a dit bonjour.
- Ah? Et quel ange était-ce?
- Je ne sais pas. Il n'avait pas de visage.
- C'est impossible, les lois de la viande autour de l'os imposent un visage, même pour les anges.
- Tout à fait, simplement lui, pour appliquer la loi, il avait pris double part d'ailes.
- Et donc pas de visage ?
- Non, pas de visage.
Rond-point figure dans le quatrième épisode du passage à l’acte bref de coaltar. Le texte était accessible librement sur le site de la revue, aujourd'hui hors ligne.
J'ai entendu avec beaucoup de plaisir et d'intérêt l'émission de FRANCE INTER 3D de dimanche 6/1/13, animée par Stéphane Paoli ; et notamment, mon oreille s'est dressée à l'évocation d'un sujet qui me tient à cœur, décrit sous le terme de « consensus de la passivité ». Effectivement, nous vivons une époque étonnante: des scientifiques et des penseurs analysent, dénoncent des faits et des mouvements rampants ; ils font entendre autant qu'il leur est possible leurs risques effrayants. Politologie, psychanalyse, biologie, sociologie, anthropologie, ethnologie... la compréhension « des choses » n'a peut-être jamais été aussi alerte, multiple, extensive; elle n'amène pourtant que de ténus passages à l'acte pour « changer ».
En tant qu'auteur je me dis : Et la littérature dans tout cela?
Il semble que chacun des domaines précités « possède » sa littérature spécifique, mais existe t-il une littérature qui pense, exprime, potentialise le passage à l'acte (pas au sens criminel !), en transversalité de cette pensée scientifique accumulée chaque jour?
Je pense à Edgar Morin, ce grand penseur du décloisonnement (et de la foi en l'humanité... à long terme): je retiens notamment qu'à ses yeux la littérature est cette discipline de la recherche absolue, du cœur aux frontières de l'humain et du non-humain, du décloisonnement. Je me souviens aussi de cette notion lue chez le philosophe Austin, cette notion fantastique et libératrice: quand dire c'est faire (alors que pensée et action sont trop souvent opposés). La question de la littérature dans tout ça n'est pas gratuite.
Alors, existe t-elle, cette littérature du « passage à l'acte positif »?
Ce n'est pas si "évident". C'est une littérature de marge quand elle existe, alors que la "littérature de dénonciation" foisonne, et la "littérature de héros" (ceux que tout le monde attend pour agir) demeure également prolifique, sous de nombreuses formes.
Se peut-il que l'analyse de François Jullien sur la difficulté européenne à penser ce qu'il nomme les transformations silencieuses s'applique également ici ? Le passage à l'acte est bien une « transformation silencieuse » telle qu'il la définit : c'est à dire un mouvement imperceptible à l'œil nu, et qui fait qu'un jour un acte est posé. La pensée européenne aurait selon F. Jullien une propension à penser l'état, la nature, l'acte, mais plus difficilement ce qui peut amener à les modifier d'un jour à l'autre. Ainsi, un jour une révolution se produit, et on sait écrire sur le sujet, indéfiniment. Mais quelles énergies, sentiments et inflexions intérieures, pensées hybridées et récits imbriqués, mènent à une évolution, en réponse à des enjeux?
Déni de la puissance des récits non pour mouvoir au-delà d'émouvoir?
Notamment, quelqu'un a t-il décidé quelque part (je ne le crois pas) que le seul champ valable pour le récit sur les thèmes du politique sont ceux que portent les hommes politiques eux-mêmes (ou les héros de roman qui empruntent leur costume) avec l'emploi sous-jacent, largement inavoué, du storytelling?
Storytelling, le grand mot est posé: il valide de fait la puissance des récits du passage à l'acte ; mais il monopolise les utopies (et les ronge), s'approprie (comme et quand il l'entend) la matière scientifique, et occupe l'espace vide (là où la littérature devrait être combative). Le succès d' Indignez-vous / Engagez-vous pointe à mon sens ce manque: c'est sans doute la justesse, la pertinence et la simplicité du propos qui ont séduit, mais c'est aussi le passé de l'auteur, ce récit en filigrane, qui donne du poids au manifeste. Et après ? Quelle correspondance en littérature ?
Je crois qu'il manque presque un genre, un centrage littéraire, sur une écriture de l'individu et de son « maintenant », en positif, au-delà des (auto)biographies et des hagiographies. Une littérature qui explore les possibles à partir de l'individu et de ce qu'il peut agir. En tant qu'auteur moi-même, c'est le domaine que je me suis assigné (ce thème du consensus de la passivité était même directement le sujet de ma première nouvelle publiée, conforts ultimes). Je ne dis pas que je n'ai jamais vu de tels développements chez d'autres auteurs (je suis preneur de toute suggestion !) ; mais je l'ai rarement observé avec cette focale manifeste, intentionnelle, assumée, dans le flux des nouveautés littéraires.
Et j'ai le sentiment que tout cela, ce n'est pas « assez ». Il y a un enjeu médiatique à faire émerger une littérature de l'engagement et de l'acte, une littérature qui non seulement n'oublie pas le mouvement intérieur mais cherche justement à le cerner, avec la cohérence et les moteurs de chaque individu. Cette « littérature qui manque », et je mesure le côté péremptoire d'une telle affirmation qui relève davantage de l'intuition profonde que j'ai cherché à « penser », est à mon sens une des causes premières (ou l'une des causes les plus lourdement aggravantes) de ce « consensus de la passivité » : cette sorte d'acception continue de ce qui se déroule, malgré la puissance (jusqu'à, parfois, l'épuisement) de toutes les analyses.
- Bon, elle est où, ta fin du monde?
- Je l'ai perdue.
- Tu perds tout, c'est incroyable, c'est comme le beau pull que je t'ai offert l'an dernier...
- Oui... je suis désolé... je l'ai rangé avec le nouvel an...
- Avec 2013? Tu as perdu 2013?
- Oui!
- Bon sang, mais s'il y avait un truc à pas perdre en même temps que la fin du monde c'était bien 2013, comme le foulard qu'allait si bien avec le beau pull que je...
- Je suis désolé, dé-so-lé...
- Et on va faire quoi maintenant?
- Je sais où est le champagne, si tu veux...